Une ville flottante by Jules Verne

Une ville flottante by Jules Verne

Auteur:Jules Verne [Verne, Jules]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Romans
Éditeur: Atramenta (www.atramenta.net)
Publié: 2011-01-20T05:00:00+00:00


20

Corsican et moi, nous ne pouvions plus douter. C’était Ellen, la fiancée de Fabian, la femme de Harry Drake. La fatalité les avait réunis tous trois sur le même navire. Fabian ne l’avait pas reconnue, bien qu’il se fût écrié : « Elle ! elle ! » Et comment aurait-il pu la reconnaître ? Mais il ne s’était pas trompé en disant : « Une folle ! » Ellen était folle, et sans doute, la douleur, le désespoir, son amour tué dans son cœur, le contact de l’homme indigne qui l’avait arrachée à Fabian, la ruine, la misère, la honte avaient brisé son âme ! Voilà ce dont je parlais le lendemain matin avec Corsican. Nous n’avions d’ailleurs aucun doute sur l’identité de cette jeune femme. C’était Ellen que Harry Drake entraînait avec lui vers ce continent américain, et qu’il associait encore à sa vie d’aventures. Le regard du capitaine s’allumait d’un feu sombre en songeant à ce misérable. Moi, je sentais mon cœur bondir. Que pouvions-nous contre lui, le mari, le maître ? Rien. Mais le point le plus important, c’était d’empêcher une nouvelle rencontre entre Fabian et Ellen, car Fabian finirait par reconnaître sa fiancée, ce qui amènerait la catastrophe que nous voulions éviter. Toutefois, on pouvait espérer que ces deux pauvres êtres ne se reverraient pas. La malheureuse Ellen ne paraissait jamais pendant le jour, ni dans les salons ni sur le pont du navire. La nuit seulement, trompant son geôlier, sans doute, elle venait se baigner dans cet air humide et demander à la brise un apaisement passager ! Dans quatre jours, au plus tard, le Great Eastern aurait atteint les passes de New York. Nous pouvions donc croire que le hasard ne déjouerait pas notre surveillance, et que Fabian ne serait pas instruit de la présence d’Ellen pendant cette traversée de l’Atlantique ! Mais nous comptions sans les événements.

La direction du steamship avait été un peu modifiée pendant la nuit.

Trois fois, le navire, trouvant l’eau à vingt-sept degrés Fahrenheit, c’est-à-dire de trois à quatre degrés centigrades au-dessous de zéro, était descendu vers le sud. On ne pouvait mettre en doute la présence de glaces très rapprochées. En effet, ce matin-là, le ciel présentait un éclat particulier ; l’atmosphère était blanche ; tout le nord s’éclairait d’une intense réverbération, évidemment produite par le pouvoir réfléchissant des icebergs. Une brise piquante traversait l’air, et vers dix heures une petite neige très fine vint subitement poudrer à blanc le steamship. Puis un banc de brumes se leva, au milieu duquel nous signalions notre présence par de nombreux coups de sifflets ; bruit assourdissant qui effaroucha des volées de mouettes posées sur les vergues du navire.

À dix heures et demie, le brouillard s’étant levé, un steamer à hélice parut à l’horizon sur tribord. L’extrémité blanche de sa cheminée indiquait qu’il appartenait à la compagnie Inman faisant le transport des émigrants de Liverpool sur New York. Ce bâtiment nous envoya son numéro. C’était le City of Limerik, de quinze cent trente tonneaux de jauge, et de deux cent cinquante-six chevaux de force.



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